lundi, septembre 26, 2016

Cézanne et moi

Alors que le cinéma de Dolan vient apporter une vigueur et une vision nouvelle à une pièce de théâtre, cette réalisation de Danièle Thompson ne sait pas trouver le ton juste pour nous conter l'amitié tumultueuse entre deux immenses créateurs dont les rebondissements et le coté intimiste auraient pu prendre une dimension dramatique théâtrale. Sans doute est-ce cette dimension qu'avait espérée Guillaume Gallienne en se proposant pour ce rôle qui ne lui a manifestement pas convenu. Il interprète Cézanne comme le vrai Misanthrope qu'il était mais il en fait trop quand son entourage en fait trop peu. Les scènes sont redondantes, les retours en arrière et le grimage sont pénibles....Reste à lire ou à relire l'Oeuvre!'

Juste le fin du monde

Xavier Dolan s'est totalement approprié la pièce de Jean-Luc Lagarce entrée en 2008 dans le répertoire de la Comédie Française si bien que l'on a vraiment l'impression que cette œuvre est dans la continuité de Tom à la ferme et de Mommy .
Sa réalisation enfle le ton et l'émotion et son parti pris du gros plan nous fait entrer dans l'intimité du personnage principal. Et quel personnage et quel acteur ! Gaspard Ulliel s'identifie complètement comme il l'avait déjà fait dans son interprétation formidable de Yves Saint Laurent (c'est lui qui à mon avis aurait du avoir le César) et devient totalement « dolanien ». Le choix et la direction des acteurs sont aussi un grand atout : Vincent Cassel encore plus brutal que nature, Nathalie Baye qui devient une actrice théâtrale et bouleversante et surtout Marion Cotillard qui sait elle aussi enfiler un contre emploi du rôle d'une femme à l'écart et à l'écoute. 

vendredi, septembre 23, 2016

Victoria

Etre une femme libérée ce n'est pas si facile disait déjà la chanson en 1984 ; cette version 2016, signée par une réalisatrice (Justine Triet-La Bataille de Solferino) est parfois cauchemardesque faisant la part belle à la névrose mais elle est très drôle. Les personnages masculins sont eux aussi décalés, imprévisibles (excellent Melvil Poupaud comme d'hab! et pour lui je mets une deuxième grenouille). C'est une comédie romantique dans l'air du temps qui ne fera peut-être pas rire les femmes délaissées et surbookées mais dont n'a pas à rougir le cinéma français ou plutôt franco-belge puisque Virginie Efira en est la « vedette ».

Toni Erdmann

Fable loufoque … pas vraiment mon genre malgré la leçon d'humanité que veut nous donner la réalisatrice allemande Maren Ade . Comment un père indifférent à tout sauf à son chien -mais il vient de le perdre- va essayer de reconquérir sa fille qui avait quant à elle cultivé sa différence loin des siens et de ses origines modestes en devenant une brillante consultante.
Cela se passe en Bulgarie, tout paraît étrange, peu naturel, absurde mais c'est pour nous apprendre à donner un sens à la vie.... Comme le jury cannois, je suis passée à côté  de ce « petit bijou »!

Brooklyn Village

«  c’est juste sympathique et très subtil mais un peu trop insignifiant », je m'associe complètement à cette critique de spectateur . Ce film est beaucoup trop long pour un scénario trop vite résumé.
 Pas d'accent woody allénien comme pouvait le faire penser le titre, mais de petites touches sensibles sur la naissance d'une amitié entre deux jeunes ados. Tolérance, bienveillance, confrontation de l'idéal et de la réalité économique, les propos 
sous-jacents du réalisateur sont tout à fait louables mais cela ne fait pas un grand film -à mon avis qui n'est pas partagé par les critiques presse qui sont plutôt positives.

Un Petit boulot

Meurtres sur fond de chômage, ce thriller pour rire pourrait évoquer Irréprochable . Le parallèle s'arrête là car le réalisateur Pascal Chaumeil (l'Arnacoeur), décédé il y a un an pendant la post-production, nous livre une comédie réussie dont Michel Blanc a signé le scénario . Dialogues ciselés, acteurs convaincants et rebondissements : c'est amoral mais vraiment drôle !

Rester vertical

Le titre le claironne : attention film à thème ! Ensuite le spectateur doit gérer sa relation aux images... Elles sont dérangeantes, j'insiste très dérangeantes et le réalisateur nous promène entre conte, métaphores et récit cruel -parfois à ma limite de tolérance pour des images d'une crudité et d'une violence inouïes.
Pour la partie fable, cette chèvre de Monsieur Seguin qui s'installe dans les Causses aveyronnaises- pays d'origine du réalisateur Alain Guiraudie- affiche clairement son intention de se coltiner au loup- je devrais dire aux loups au pluriel car, c'est bien connu, l'homme est un loup pour l'homme et ici les hommes jeunes, adultes ou âgés sont tous terrifiants, agressifs, parfois même inhumains . Notre anti-héros exprime aussi son choix de vivre sans contraintes donc sans famille ; ce choix le mènera à la solitude et au dénuement complet (jusqu'au sens propre).
Ce récit déjà difficile dans le fond est rendu encore plus tortueux et plus complexe (volontairement sans doute) par une narration qui fait fi du classicisme et ne tient compte ni de l'espace temps- accouplement et enfantement s’enchaînent sans gestation- ni de  l'espace  lieu, less différentes régions géographiques-Brest, Causses et marais poitevins etc semblent être accessibles en quelques lacets...
Seuls les petits agneaux sont épargnés de la laideur (faut-il y voir un soupçon d'espérance ou une allusion mystique à l'agneau pascal?) dans cette peinture bien noire de l'existence humaine et de notre aptitude à rester non seulement verticaux mais libres... 

mercredi, septembre 07, 2016

Frantz

François Ozon sait se renouveler et son nouveau film en noir et blanc (pour rejoindre nos propres images de cette époque dit le réalisateur) va enrichir notre florilège des films marquants sur les premiers temps de l'après-guerre comme la Chambre des Officiers (il s'appelait aussi Adrien), la Vie devant soi ….Ce film est réussi car il est à la fois intimiste et universel (coté pacifiste quand même) et il nous donne aussi bien à lire -avec subtilité et au plus près des visages, les portraits des deux jeunes gens que celui des parents allemands. Pierre Niney y montre vraiment ses talents car il sait incarner à la fois les côtés mystérieux et illuminés (déboussolé) de son personnage. Paula Beer, une découverte du réalisateur, toute en sobriété, en luminosité apporte une intensité convaincante.